BEAUTÉ: Assumer ses cheveux gris pour être belle au naturel

Assumer ses cheveux gris, avec Geneviève Langlois

Assumer ses cheveux gris, avec Geneviève Langlois

La révolution grise, une mèche à la fois est le titre du documentaire réalisé par Léa Pascal qui explore la perception des femmes aux cheveux gris dans notre société. Portée par la comédienne Geneviève Langlois qui a décidé de laisser pousser sa couleur naturelle : gris-blanc, sans se douter que ce changement susciterait autant de commentaires de son entourage tout en ayant un impact sur son travail.

Ce documentaire sera diffusé dans le cadre de Doc Humanité ce samedi 9 mars 2024 à 22 h 30 sur ICI TÉLÉ et sur ICI TOU.TV. À l’aube de la cinquantaine, la comédienne Geneviève Langlois, aux prises avec des mèches blanches depuis sa vingtaine, a mis un point final au carcan de la teinture. Cependant, elle ne se doutait pas que ce passage ne se ferait pas sans difficulté. Pour elle, cette transition au gris est devenue un véritable chemin initiatique se transformant en quête personnelle.

ASSUMER SES CHEVEUX GRIS, pour être belle au naturel
J’ai écrit ce livre il y a quelques années et dans lequel je parle de l’enjeu des cheveux gris dans une société où l’âgisme est à l’honneur. Dirigeant aussi l’Agence de figuration Boomers Casting, je vois défiler dans mon bureau, plusieurs  hommes et femmes de 50 ans+, » qui disent tous.tes ne pas faire leur âge et la teinture devient l’élément de camouflage par excellence de nos années.

Pour résumer le sujet, voici un extrait du livre :
Ayant interviewé plusieurs femmes, l’une d’entre elles me racontait que quand les yeux des gens se posent sur moi, je vois leurs regards se détourner, Assumer ses cheveux gris, avec Geneviève Langloiscar ils voient une femme âgée » disait-elle tristement. Elle ajouta qu’elle avait envie de leur crier que même si le physique déclinait, elle n’en restait pas moins intéressante et même plus qu’à 20 ans. Une autre dame interviewée me raconta qu’elle était désormais devenue transparente. Ne comprenant pas son allusion, elle m’expliqua, qu’à 20 ans, toutes les têtes se retournaient sur son passage, alors que maintenant plus personne ne la regardait lors de son entrée dans un lieu public. À la suite de cette constatation, elle s’est mise à ressentir un immense vide dans sa vie, comme si elle avait échoué quelque part, comme si le sens d’accomplissement de sa vie reposait sur sa beauté et sa jeunesse. À mon grand désarroi, j’ai pu observer, lors de mon enquête, que plusieurs femmes éprouvaient ce même triste sentiment. Mais quel mal nous a donc piqué ?

CULTE DE LA TEINTURE ET OBSESSION DE LA RAIE BLANCHE
À la lumière de plusieurs témoignages recueuillis, on comprend mieux le culte de la teinture et l’obsession de la raie blanche ou grise qui revient insidieusement et sans invitation à chaque mois.  Car teindre nos cheveux coiffe tout le corps d’une auréole de jeunesse, l’habillant de revitalisant qui camoufle subtilement nos ans. Mais combien d’efforts faut-il faire pour maintenir une image de nous à 20 ou 30 ans, sans vouloir y voir la marque du temps et de ses changements ? Comme si vieillir ne nous concernait pas ou plutôt comme si nous ne voulions pas que cela nous concerne.

L’ART DU CAMOUFLAGE POUR TRANSFORMER SON IMAGE
L’art du camouflage comporte un ensemble de gestes que nous répétons inlassablement toute une vie durant sans oser même les remettre en question sous prétexte que c’est ainsi que la société fonctionne.  Je regarde ma fille de 20 ans qui porte, déjà comme la majorité des jeunes filles de son âge et l’ensemble des femmes de la société, le poids d’une convention sociale disant de façon non explicite qu’il faut être jeune et belle pour être aimé. Car au fond, l’enjeu c’est bel et bien la recherche d’amour, une quête sans fin puisqu’elle est basée sur de fausses prémisses. Transformer son image à outrance pour être séduisante et plaire sont les valeurs sur lesquelles jouent les campagnes publicitaires à coût de millions $. Et une des industries les plus lucratives de ce marché est la coloration des cheveux qui commencent de plus en plus jeune. Le problème ne concerne plus maintenant que les quinquas, mais aussi les jeunes qui sont de plus en plus nombreuses à ne pas accepter leur image. Que feront-elles à 50 ans ?

LES PUBLICITÉS FÉROCES SUR LA COLORATION
Mais comment pourrait-il en être autrement alors que moult publicités à la télé et dans les magazines portent sur les cheveux des femmes, l’industrie de la coloration dépassant celui des cosmétiques. Lors d’une soirée télévisée, j’ai pu calculer trois commerciaux axés sur la coloration contrairement à une sur les cosmétiques. Évidemment les modèles représentés sont toutes des femmes jeunes qui arborent une longue chevelure ondoyante et colorée, mais jamais grisonnante. Celles-ci propagent le mythe de l’éternelle jeunesse, ne laissant pas indifférent les quinquagénaires qui ont jadis connu leurs heures de gloire… et de beauté. C’est dans les petites actions du quotidien, qu’un bon jour on se rend compte que l’âge nous courbe les épaules. Notre conscience sait bien que c’est une chose aussi naturelle que la nudité. C’est plutôt la publicité omniprésente qui nous chatouille continuellement. « Pour ressembler aux mannequins de mode, aux pilotes d’essai, aux séducteurs blonds qui enlacent des jolies filles sur la plage, il convient de n’être ni obèse, ni myope, ni homosexuel et, et si par bonheur, vous n’appartenez à aucune de ces catégories, il est tout de même nécessaire que vous ne soyez pas pauvre » exprime Alex Combez dans son livre L’éloge de la jeunesse.

J’ajouterais et ni avoir les cheveux gris. La conception du bonheur, qui doit passer par tous ces artifices et distractions, repose sur de fausses prémisses. Elle éloigne les gens du pourquoi ils vivent et pourquoi ils vont mourir et les plonge dans la recherche des plaisirs grégaires de l’existence. « Si par malheur, ils ne sont plus capables d’y avoir part, la solitude les accable, parce qu’ils n’ont jamais appris à l’apprivoiser, ni d’ailleurs à reconnaître celle de l’autre » mentionne monsieur Combaz.

LE CORPS DES FEMMES EST DEVENU UNE VITRINE
Mais comment la cité moderne pourrait-elle agir autrement ? Car c’est tout un système basé sur « se faire plaisir » qui est mis en place pour faire vivre l’économie des vains désirs. Les premiers lecteurs de Tintin qui découvrent qu’ils n’ont plus le même âge que leur héros, devraient plutôt accepter sereinement cet état de fait et rechercher d’autres sources de satisfaction en cultivant de nouvelles valeurs autres que la lutte dérisoire de prolonger son âge. Car accepter de vieillir, n’est-il pas de tendre vers le détachement…Malheureusement le corps des femmes est devenu une vitrine, et il semble que celles-ci ne puissent réellement exister que si elles correspondent aux images que nous renvoient avant tout les médias de toutes sortes.

ABSENCE DE REPRÉSENTATION DES GENS DE 50 ANS
Dans les publicités, il y a une curieuse absence, pratiquement un » black out», de photographies représentant des personnes matures à la chevelure grise. » Un recensement fait sur 1343 publicités, illustrations, photographies relevées dans Vogue, Ladies, Home Journal, Esquire, Fortune, Psychology et Time, à peine une trentaine d’hommes et de femmes représentés avaient soixante ans et plus » peut-on lire dans la Révolte du 2ème âge L’auteur, Betty Friedan, ajoute « qu’en examinant les journaux et magazines en général et de mode, destinés tant aux femmes qu’aux hommes, j’étudiai toutes les possibilités, les illustrations, qui montraient des visages identifiables. La non-existence des gens qui n’étaient pas jeunes était consternante, à l’exception de personnes très riches ou très célèbres, encore étaient-elles toujours montrées sous un jour jeune. J’envisageai même de descendre à 50 ans, à condition que les visages reproduits présentent des cheveux gris, des rides ou tout signe visible de maturité comme par exemple Jackie Kennedy, Jack Nicholson, Michael Caine, le cowboy de Malboro».

LES MAGAZINES: NOUS INSPIRER OU NOUS DÉPRIMER ?
Toutefois, dans ces revues et bien d’autres, on peut y lire plusieurs trucs et conseils sur l’art d’éviter la vieillesse grâce à un régime alimentaire adéquat et en ayant recours à des exercices physiques réguliers, à la chirurgie esthétique, aux soins de peau et crèmes de beauté fort variés. Des titres comme » Avoir plus de quarante ans, c’est merveilleux » ou   » Comment paraître plus jeune chaque jour » sont monnaie courante. Après avoir feuilleté nombre de magazines et épluché moult ouvrages, je n’ai absolument rien trouvé sur » Comment se sentir bien dans sa peau à 50 ans.

Les rubriques beauté regorgent de femmes connue ou inconnues de plus de quarante ans toutes plus belles les unes que les autres. Comment rivaliser avec ces superwomen ? L’effet est dévastateur. J’avais déjà entendu dire que 90 % des femmes, jeunes et moins jeunes,  se sentaient déprimés après avoir lu un magazine de beauté. J’appelle cela de l’autoflagellation que de consulter ces magazines avec toutes ces stars toutes pétards qui nous vendent la Fontaine de Jouvence pour rester jeune éternellement. Certaines disent qu’elles servent à inspirer, moi je dis à nous déprimer car il est inévitable qu’on tombe dans le comparable. L’humain est ainsi…!

LES STARS, DES MODÈLES INSPIRANTS ? 
Car si ces actrices ou modèles de beauté, que nous avons aimés, servaient tant à nous inspirer, nous les verrions photographier à une époque récente avec leurs rides en sus et leurs cheveux gris ou blancs qu’elles porteraient fièrement. Au lieu de cela, elles s’affichent encore en midinette, trahissant leur intégrité et reniant leur féminité à qui elle ne donne pas le droit d’évoluer. Malheureusement, elles sont nos modèles que nous envions et copions pour le meilleur et pour le pire. Le meilleur c’est que la vraie maturité permet à l’être son passage de la jeunesse vers la vieillesse dans la plus grande acceptation et sérénité. Le pire c’est que ces stars ont une grande influence sur l’ensemble des femmes et qu’elles se servent très mal de ce pouvoir, dégageant de l’envi auprès d’elles plutôt que cherchant à les inspirer à s’élever dans toute la beauté de leur féminité.

Mais pourquoi achetons-nous cette idée, tout en sachant très bien que les cheveux vont grisonner et que les rides nous rattraper. Des fois que ça marcherait, espérons-nous !  Nous ne sommes pas dupes, mais tout comme, en consommant de faux  et vains espoirs.  Alors pourquoi sommes-nous à ce point incrédule pour croire toutes ces futilités. Ma mère avait, encore à 70 ans, une peau de pêche avec quelques rides évidemment. Et pourtant elle s’était lavé le visage toute sa vie durant avec uniquement de l’eau de robinet rempli de chlore et du savon sans ph équilibré. Imaginez… une exception vous dirait les cosméticiennes. Pourtant j’ai vu plusieurs dames de cette génération qui avait » un je ne sais quoi»  de jeunesse dans leur visage et qui ne connaissaient pourtant pas le nom des grandes marques de soins de peau.

LES PRODUITS ANTI-RIDES REPRÉSENTÉS PAR DES MIDINETTES
On ne peut nier que préserver son teint et garder la peau hydratée et souple est certes un problème avec l’âge. Mais avez-vous remarqué encore une fois que ce sont des jeunes femmes qui nous représentent dans ces publicités de produits anti-rides et qui pourtant n’ont aucune ride.  Et on se laisse faire, sans dire un mot, sans prendre notre place. On veut tellement croire que toute cette science de produits de beauté dit vrai et qu’un jour on finira par  rester  réellement jeune. On se berne d’illusions en croyant qu’on va finir par ressembler à ces midinettes. Hé bien non mesdames, désolée de vous désillusionner, ça ne fonctionne pas ainsi.

On ne peut nier que se crémer fait du bien…à la peau dans un certain pourcentage et beaucoup au moral. Mangez santé, prenez de l’air, dormez bien et aimez la vie et vous aurez une peau qui reflétera votre beauté intérieure. Et même si ce n’est pas le cas…ce que vous êtes intérieurement dégage plus que la beauté de votre visage ou la belle coloration de vos cheveux.. Betty Friedan ajoute que » toutes ces images ont pour résultat majeur de créer surtout chez les femmes une peur panique à l’idée de ne plus être jeune et par conséquent de les inciter à dépenser des millions de dollars en produits cosmétiques et opérations chirurgicales; des industries toutes entières sont ainsi bâties sur cette peur, sur cette illusion désespérée que l’on peut arrêter le vieillissement. »

Par Carole Le May, éditrice Cité Boomers
Si intéressé par ce livre:  clemay@citeboomers.com ou 514-462-3075

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