Au début de ma carrière comme thérapeute, j’ai cherché à aider les couples en les amenant à améliorer leur communication et à résoudre leurs conflits plus efficacement. Quoique ces deux objectifs puissent être utiles pour faire baisser temporairement la pression, mon taux de réussite à moyen et long terme pour aider les couples consultants était plutôt décevant.
J’ai cherché longtemps ce qui pouvait expliquer que deux amants intimes deviennent, après quelques années, deux ennemis intimes s’accusant l’un l’autre d’être responsable de l’état misérable du couple et qui fait que le taux de divorce avoisine les 50 %. Comment peut-on perdre ce sentiment amoureux qui a uni deux personnes qui se trouvaient irrésistibles et exceptionnelles ?
Les couples viennent consulter en disant qu’ils ont des problèmes de communication, qu’ils ne réussissent pas à résoudre leurs conflits et qu’ils se disputent de plus en plus souvent. Il n’y a pas de doute que tout cela puisse hypothéquer sérieusement le sentiment amoureux. Mais ces motifs de consultation sont-ils les causes ou les symptômesd’un désamour ?
J’ai alors compris, grâce aussi aux nombreuses recherches faites sur les couples heureux à long terme, qu’il faudrait, au-delà de l’amélioration de la communication pour la gestion, et non la résolution, des conflits pour la plupart insolubles, aider ces hommes et ces femmes à faire renaître le sentiment amoureux qui avait cimenté leur couple, sentiment qui s’était étiolé en cours de route.
Le principe à la base de la vie est simple, très simple : la recherche du plaisir et la fuite de la douleur. Les deux membres d’un couple resteront amoureux ou redeviendront amoureux s’ils vivent ensemble plus de moments plaisants que de moments douloureux. Le bonheur conjugal devient alors une simple question de savoir ce qui me rend et rend l’autre heureux. La réponse est donc simple, très simple, à la condition de la connaître et de l’accepter : tout faire pour rendre l’autre heureux en satisfaisant ses besoins et en évitant de faire ce qui rend l’autre malheureux. Les besoins peuvent évidemment varier d’une personne à l’autre et d’un sexe à l’autre.
Les besoins fondamentaux des hommes et des femmes sont des besoins partagés par tous les humains mais pas nécessairement dans le même ordre de priorité.
Les besoins légitimes priorisés par les hommes sont :
• La satisfaction de ses besoins sexuels
• Une partenaire de jeux
• Une partenaire qui entretient des propos séduisants
• La paix et la tranquillité
• La valorisation
Les besoins tout à fait légitimes des femmes
• La satisfaction de ses besoins affectifs
• Un compagnon avec qui communiquer
• Un conjoint fiable et honnête
• La sécurité
• L’engagement
Ce sont du moins ce que présente le psychologue Harley, Willard F. dans son livre Elle et lui. Combler les besoins de chacun pour une relation durable.
Le problème est que hommes et femmes ont de la difficulté à comprendre et à accepter leurs besoins réciproques. Chacun veut bien satisfaire ses propres besoins, mais oublie que le couple existe pour satisfaire les besoins des deux partenaires ; sinon, se développe le risque d’aller combler les besoins insatisfaits en dehors du couple.
UN COUPLE = UNE BANQUE
Comparons le couple à une banque dans laquelle chaque partenaire possède un compte d’épargne émotif. Chaque plaisir échangé correspond à un dépôt dans le compte d’épargne émotif de l’autre, chaque moment pénible mène à un retrait. La grosseur des dépôts et des retraits varie en fonction de l’intensité du plaisir ou de la frustration.
Pendant la séduction et la lune de miel, les partenaires accumulent dépôt sur dépôt et l’actif de leur compte ne cesse de grimper car ils cherchent constamment à satisfaire les besoins de l’autre. Mais, une fois l’union assurée, nombreux sont les hommes et les femmes qui croient qu’ils sont assez riches pour vivre sur leurs réserves. C’est alors qu’ils commencent à faire des retraits en tenant moins compte des besoins respectifs de chacun.
De nombreux couples sont venus me consulter alors que leurs comptes réciproques étaient rendus dans le rouge ; certains étaient sur le bord de la faillite. Heureusement, il n’est jamais trop tard pour recommencer à faire des dépôts en tenant compte des besoins de l’autre. J’ai pu ainsi aider plus de couples en les confirmant dans leurs besoins respectifs et à passer de la lutte pour le pouvoir où chacun cherche égoïstement à satisfaire ses besoins personnels au partage du pouvoir où chacun des deux partenaires et le couple essaient de satisfaire les besoins légitimes de chacun.
Source : www.yvondallaire.com
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